Venaco



                 Discours de Michel Mezzadri

              Maire de Venaco  

               Samedi 21 octobre 2017  

 

Monsieur le Sous-préfet,  Monsieur le Député, Mesdames, Messieurs les Élus, Messieurs les

Officiers  et sous-officiers, actifs et de réserve;  

Mesdames et Messieurs les membres du groupe de recherches de Castelmaurou,

Mesdames,  Messieurs les Présidents des associations des anciens combattants

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

 

 

Bonjour à vous toutes et à vous tous, Mon propos devrait peut-être débuter d'une autre manière mais je dois avouer  l'extrême paradoxe dans  lequel  je  me  trouve aujourd'hui.

 

Tous  les sentiments  s'entremêlent et me bouleversent!  Ma plus grande crainte réside dans l’idée  que,  jamais,  je ne pourrais exprimer la même force que celle du courage dont ont fait preuve  les combattants qui nous permettent aujourd'hui de profiter de la liberté.

 

Des combattants qui comptent  officiellement un nom de plus. Grâce à l'admirable travail et à l'abnégation du groupe de recherches de Castelmaurou, l'un d'eux, l'un de nos aïeux à savoir Jean-Baptiste Giorgetti, « mort pour la France », revient d'une certaine manière au village.

 

Il retrouve sa place aux côtés de sa famille, de ses amis, de ses autres frères d'armes qui ont, eux aussi, pour faire barrage à la folie des hommes, payé de leur vie.  

 

Si la fierté de nous savoir un peu les enfants de ces hommes si braves et surtout bien plus humains que ces idéaux destructeurs qu'ils ont combattus jusqu'au dernier souffle nous honore,  je ne puis m'empêcher d'éprouver un immense chagrin car ce retour s'inscrit, encore une fois, une fois de trop, en toutes lettres sur le monument aux morts du village!

 

Je ne sais plus SI Je dois penser au gâchis de ces familles brisées ou si je dois trouver un motif de satisfaction de savoir que des enfants de Venaco ont  été si vaillants, tellement héroïques?

 

Comme je l'ai dit en préambule, je me sens perdu. Je le suis d'autant plus lorsque je pense àJean-Marie, le fils de Jean-Baptiste. Le déluge de silence dans lequel tu as été plongé durant 72 ans trouve, je l'espère, une réponse  à  ta vie d'enfant?.  

 

Jean-Marie, je sais que ce moment que nous partageons ensemble ne te rendra pas l'enfance que tout fils est en droit d'attendre. J'en suis profondément navré. Je suis d'autant plus triste que le sacrifice et l'héroïsme de ton père nous permettent à nous venacais à tous les corses et aux immuables patriotes que nous resterons, d'éprouver tant de fierté alors que, dans le même temps, tu as été privé de tellement!  

 

Volée l'insouciance! Volés les souvenirs avant même qu'ils ne soient nés! Volés les regards tendres d'un père sur le landau de son fils ! Volés l'affection d'un papa bienveillant!

 

Et volée aussi la magie des moments passés entre les petits enfants et leur babbo !  

 

Cette cérémonie ne rendra pas ces instants volés à tous les enfants de ces braves ni A tous leurs descendants qui ont grandi sans leurs aïeux.  

 À tous, je veux exprimer mon immense gratitude.  

Merci pour nous tous!  Merci pour notre village!  Merci pour notre Corse! Merci pour la France! Merci pour l'Europe!  

Mais, de tous ces Mercis, il en est un qui je voudrais faire raisonner encore plus loin, encore plus haut!  

Je destine mon propos à ces mères, à ces épouses, à ces sœurs, à toutes ces femmes qui, malgré les chagrins inconsolables, ont su garder la tête haute au lendemain de ces funestes années.

 

Je voudrais leur témoigner une infinie reconnaissance pour avoir inculqué et propagé les valeurs que leurs amours éternels avaient au plus profond de leurs êtres.  

 

Vous avez accompagné la vie d'une génération de femmes et d'hommes qui ont su accomplir la tâche la plus douloureuse qui soit, à savoir construire et maintenir la paix.  

Si la folie des hommes a fait se battre et mourir tant d'hommes, vos cœurs de femmes ont fait battre et ont fait naitre l'espoir d'une paix durable!  

 

Grâce àvous, vos enfants ont fait tellement pour nous tous. Ils ont outrepassé l'esprit de rancœur qui entrave toujours la construction d'un futur commun  basé sur l'unité des peuples.

 

Ils ne se sont posés aucune question lorsqu'il s'est agi de tendre la main à l'ennemi d'hier pour en faire un allié. Cette compassion  et cette raison humaine ont  eu raison du tort causé.  

Cette ouverture d'esprit, cette grandeur d'âme atteste un peu plus de la grandeur de ces pères, ces époux, ces frères, ces amis disparus.  

L'éclat du prestige de leurs faits d'armes a rayonné via la croissance de leurs enfants, permettant  ainsi l'émergence d'une lumière  européenne radieuse.

 

Votre implication Mesdames est un acte de courage que je voudrais dédier à la mémoire de la regrettée maman de Jean-Marie, elle aussi, combattante pour la Liberté. Une maman partie trop tôt mais qui, dans un ultime geste protecteur a confié son fils à ses grands-parents paternels. 

Je voudrais également dédier mon propos à une autre grande dame, en l'occurrence le docteur en biologie moléculaire et cellulaire Christine Keyser, Professeure des Universités, qui a, avec son équipe du laboratoire de recherches ADN de l'Université de Strasbourg en Alsace, a permis l'identification de Jean-Baptiste.  

Je voudrais la remercier du fond du cœur pour ses travaux autant qu'il m'appartient de remercier chaleureusement les membres du groupe de recherche des fusillés du Bois de

Reulle.  

Nous leur sommes très reconnaissants que nous avons bien conscience que ces personnes n'étaient pas obligées de faire tout ce qu'elles ont accompli! Et pourtant! Nous sommes aujourd'hui et Jean-Baptiste retrouve son village grâce à eux, grâce à vous dont la présence nous honore. Merci encore pour tout ce que vous avez fait! Jean-Marie, je me garderai de rappeler le passé héroïque de ton papa car je sais qu'il sera bien mieux formulé dans la voix de Jean Fabiani.  

Je voudrais enfin rajouter une dernière chose me tenant à cœur. J'aimerais rappeler les horizons  lointains  dont  étaient  issus  les combattants de la liberté.  

Sans jamais se soucier de leurs couleurs de peaux, sans se préoccuper des croyances religieuses des uns  et des autres, sans chercher à dénaturer les engagements politiques de

 

leurs  frères, ils ont fait cause commune pour replacer l'humanité au centre de la vie. En Corse, ces combattants, et c'est un véritable fait historique, ont décidé de leur plein gré de quitter leur Ile, par esprit patriotique, pour que la France recouvre  la Liberté!

 

Oublier le sacrifice de nos aïeux au prétexte que les temps ont changé revient selon moi, oublier les valeurs qu'ils nous ont léguées. Je crois même que c'est faire offense à leurs  mémoires que de vouloir tourner le dos  à l'unité de notre Pays!  

 

                                      Je vous remercie