Discours prononcé à Venaco le 21 octobre par Jean FABIANI
Président régional des anciens combattants 1939-1945
Ce jour, pour moi, voire le 21 octobre 2017, représente la lumière au crépuscule de ma vie, celle qui illumine la mémoire et la vivifie.
Oui, elle la vivifie parce que dans mon village, la responsabilité très lourde m’incombe d’argumenter à l’égard d’une connaissance affectueuse ma passion patriotique, celle de Jean-Baptiste GIORGETTI.
Aussi, ce jour, est un indicible pèlerinage accompagné d’un devoir de mémoire. Ce qui me fait situer devant une stèle sacrée où le silence et la méditation se confondent.
Mais, ton regard Jean-Baptiste, aujourd’hui m’émeut intensément.
Il ne veut pas, je le ressens, que je développe la substance de ta soif de te sacrifier pour servir la France.
Il ne veut pas, de même, que je parle des tortures endurées et de ton exécution sordide par les nazis.
Il ne veut pas en définitive que je commente ton parcours balisé d’actes d’héroïsme. Dans ces conditions, comment Venaco pourrait-il être fier et honorer son enfant qui a voulu que son sacrifice rende immaculées les couleurs du Drapeau de la France, en y greffant la valeur fondamentale de la Liberté, sans faire connaître avec éclat son histoire de Grand soldat ?
Histoire, dont l’exemplarité sublime, mérite d’appréhender l’esprit de la jeunesse.
Je fais fi de ton vouloir et je revendique que tu dormes dorénavant de ton dernier sommeil aux cotés de tes camarades que l’on honore dans les commémorations officielles depuis des décennies.
Écoute Jean-Baptiste ma proclamation, maintenant que tu fais partie de la multitude.
Chers camarades de combat qui dormez de votre solennel sommeil, vos yeux s’ouvrent le 21 octobre 2017, pour nous voir vous honorer dans la plénitude des valeurs de la République.
La France, celle de l’idéal, de l’Honneur et du patriotisme, vous enserre dans son drapeau dont l’image qui enrobe notre esprit, collée à nos cœurs, est ancrée d’une matière indéfectible à l’Histoire pour l’éternité.
Jean-Baptiste,
Au regard de ce que tu as subi dans une atroce souffrance sans avoir à postériori, ma croix de guerre avec Palme revêt un caractère anodin.
Je suis un survivant, âgé de 93 ans et je me rappelle encore d’un fait dont l’oubli est impossible. Chaque fois que nous nous sommes rencontrés dans notre village, naissait entre nous une vive manifestation d’un sentiment affectueux.
Aujourd’hui, les circonstances l’ont voulu, je suis venu à Venaco pour te rencontrer une ultime fois, en vue de générer la même affection d’antan devenue éternelle.